Départ le 28 avril 2009 à 20H00 sous une pluie battante vers le petit port de Dornumersiel en Allemagne.

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Mon GPS ne possède pas de cartographie Europe détaillée et ne reconnaît que les grands axes. En complément Bertrand a imprimé l’itinéraire avec Mappy. La traversée de la France se fait rapidement sous un ciel gris entrecoupé d’averses. Nous passons la Belgique sans difficulté, je dois juste faire attention à la vitesse, avec le Discovery III, je ne sens pas le Pro Open derrière et je me retrouve très régulièrement à plus de 120 Km/h.
Le passage des Pays bas en revanche sera plus difficile. Un épais brouillard ne nous lâchera pas pendant toute la traversée du pays. La visibilité atteint par moments à peine 20 mètres. À Groningen, le brouillard se lève enfin, mais l’autoroute est en travaux et nous devons la quitter. Problème : nous ne comprenons rien aux inscriptions figurants sur les panneaux de déviation et nous tournons plus d’une heure en ville. À 4H00 du matin, nous nous arrêtons dans une station-service et l’employé de nuit nous laisse consulter une carte sur place, que nous finirons d’ailleurs par acheter. Malgré cette carte, nous continuons à tourner en rond et nous nous retrouvons par hasard à l’endroit où nous avions quitté l’autoroute et surprise elle est de nouveau ouverte. Nous poussons un ouf de soulagement, mais nous avons perdu 1H30.
À une cinquantaine de kilomètres de notre point de chute, le GPS ne reconnaît plus les routes, alors nous essayons de nous guider avec les instructions mappy. Celles-ci manquent cruellement de précision, et au bout de seulement 15 minutes, nous sommes déjà perdus… Notre aventure commence bien ! Heureusement l’atmosphère est détendue et nous en rigolons franchement. Après 1 heure de mauvaises trajectoires et de demi-tours, nous nous arrêtons dans une station-service. Nous trouvons une carte détaillée de la région et nous en profitons pour  faire le plein du bateau et du 4×4. Encore quelques demi-tours  et nous arrivons enfin à Dornumersiel.

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Nous empruntons une petite route pavée et nous arrivons en vue de la Marina à 10 heures du matin, après 14 heures de route. Deux surprises nous attendent, une bonne et une mauvaise. La bonne est que cette Marina est assez petite et entièrement clôturée et sécurisée, je suis donc rassuré pour laisser le 4×4 et la remorque pendant une semaine.

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La mauvaise surprise vient de la marée, nous ne voyons pas la mer, mais seulement des kilomètres de vase et un petit chenal étroit et peu profond.
Nous commençons à tourner un peu en rond, mais rapidement nous rencontrons un plaisancier parlant parfaitement anglais et qui va nous expliquer le fonctionnement des sanitaires, de la cale, et du chenal. Aussi il va nous servir de traducteur avec le capitaine du port qui ne parle pas un mot d’anglais. Nous payons 8 € ce qui nous donnera accès aux sanitaires et à la cale de mise à l’eau. Nous ne payons rien pour garer la voiture et la remorque dans l’enceinte fermée du yacht-club et elles pourront rester le temps que nous voulons.
Très vite les questions fusent, les gens avec qui nous discutons depuis notre arrivée ne sont pas habitués à voir des Français dans le coin et encore moins avec un zodiac au cul de la voiture. Nous leur expliquons en quoi consiste notre périple et ils nous prennent un peu pour des fous ! On nous rassure également, nous devrions pouvoir prendre la mer vers 12H00. Nous faisons le point avec Bertrand,

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la situation est la suivante : J’ai conduit pendant 14 heures (Bertrand n’a pas le permis E (B) nécessaire pour conduire cet attelage) et je suis un peu crevé, mais cela ne me dérange pas de faire quelques milles.
Notre première étape prévue devait nous emmener vers Esbjerg en longeant la cote et les îles Halliguen. Le plafond nuageux est bas et gris. Nous déplions la carte marine du coin et nous décidons de nous diriger vers l’île d’Helgoland située à 45 mn (Helgoland nous a été conseillée par le plaisancier). Après un bon café, une bonne douche et un bon repas nous mettons enfin à l’eau.

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La mise à l’eau ne se passa pas tout à fait comme nous l’aurions souhaité. Je vous raconte la scène : Nous sommes équipés de nos tenues Musto blanches et étincelantes,’’ des vrais pros ‘’ ! Je commence à mettre le bateau à l’eau et Bertrand prend quelques clichés pour le reportage. Je me retourne un moment puis je ne le vois plus, j’aperçois juste le capitaine du port et son adjoint morts de rire ! Je regarde derrière moi et je vois mon Bertrand allongé dans la vase avec sa tenue blanche et là c’est la crise de rire : du statu de pro nous passons rapidement au statut de guignol. Heureusement la Musto s’est nettoyée facilement. Nous quittons finalement le port vers 13H15 sous le regard ironique de l’adjoint.
Les premiers milles auraient pu êtres déconcertants car le balisage du chenal ne correspond pas du tout à notre cartographie, il y a plusieurs centaines de mètres de décalage. Mais nous savions qu’avec les courants et les bancs de sable qui sont en perpétuel mouvement le balisage est repositionné tous les 3 mois environ. Nous continuons notre route sous un temps très gris avec par intermittence un petit crachin, il fait frais et la mer est très hachée. Nous croisons quelques grosses unités photos-reportage_0038.jpg

et le Pro Open 650 avale les milles à 25 nœuds de moyenne. L’arrivée à Helgoland est purement géniale, passés le port où les navettes arrivent, nous pénétrons dans un petit bassin bordé de boutiques et de maisons de toutes les couleurs, c’est magnifique et très dépaysant.

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Nous continuons un peu plus loin et arrivons dans un autre petit port équipé de catways et presque vide.
On nous indique pour la nuit une place située juste en dessous du petit club nautique. Le prix pour la nuit est de 8 € mais comme le responsable ne nous demande que 5 €. Nous partons ensuite à la découverte de la charmante petite ville.

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Tout est propre, toutes les rues sont pavées, pas un brin d’herbe qui dépasse, pas un papier par terre, toutes les peintures des maisons sont récentes, pas de doute nous ne sommes plus en France.
Nous nous baladons a travers la ville et en faisant un peu de lèche vitrine et nous nous apercevons que nous sommes sur une île détaxée, l’alcool est environ 30 % moins chère que chez nous. Les maisons sont toutes plus jolies les unes que les autres et les gens sont calmes et détendus, c’est vraiment un havre de paix.

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Nous nous mettons en quête d’un pub que nous trouvons rapidement afin d’aller déguster une bière bien fraîche.
A la terrasse des cafés, il y a sur chaque chaise une couverture polaire ce qui permet de rester à l’extérieur tard le soir. Nous sommes bien et je commence à piquer du nez, je n’ai pas dormi depuis plus de 20 heures. Nous regagnons le port à 18h00 pour installer notre bivouac sous les yeux ahuris de nos voisins de pontons et des utilisateurs du yacht-club.

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Très rapidement la conversation s’engage (en anglais bien sûr) et nous finissons par boire quelques bières avec le chef de la police d’Helgoland, Lars Carstens (un sacré personnage).

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La discussion tourne bien sur autour de notre raid et de la plaisance en général. On nous donne quelques tuyaux pour la suite. Nous avons passée une excellente soirée. Il est temps d’aller manger et se coucher.

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Le lendemain matin le réveil est un peu difficile, j’ai dormi comme un bébé et pour Bertrand cette nuit a été un peu plus dure, il a fait frais, la température est descendue à 8°C. Nous serions bien restés couchés un peu plus longtemps, mais nous avons beaucoup de route à faire aujourd’hui.
La météo semble bonne et nous levons l’ancre vers 8H30. Il nous a fallu presque 2 heures pour prendre une douche et un petit-déjeuner et ranger le bivouac. Nous mettons le cap sur Esbjerg pour notre ravitaillement en essence, le temps est bouché, mais la mer est calme. Au fil des milles, le temps se lève pour faire apparaître un magnifique soleil.

photos-reportage_0096.jpgTransfert de l’essence des bidons dans le réservoir principal à l’aide d’une pompe électrique anti déflagrante

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Au loin,  juste avant Esjberg 4 status dont nous ne connaissons pas l’histoire

Arrivons 80 milles plus tard dans le chenal interminable du port d’Esbjerg. Il y a un bassin avec un port de pêche et un bassin avec un port de plaisance avec des unités toutes supérieures à 10 mètres.

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Nous jetons un coup d’œil un peu partout et nous ne voyons pas de pompe à essence comme c’était indiqué sur le site Internet Sejlerens. Nous trouvons sur un ponton quelques plaisanciers en t-shirts dégustant une bière et visiblement intrigués par notre semi-rigide. Nous leur demandons où est cette fameuse pompe ? Réponse : A 3 kilomètres en ville ! Certes nous avons un diable pour transporter les bidons, mais 3 kilomètres, ça fait un peu loin. C’est alors qu’une des personnes présentes sur les pontons nous propose spontanément de nous y amener avec sa voiture, génial cet accueil. Nous ferons 2 allers et retours dans une Peugeot 306 break histoire de ne pas êtres trop dépaysé. Nous remettons 103 litres d’essence. Nous faisons un peu plus ample connaissance avec ce jeune homme du nom de Jesper et pour le remercier nous partageons ensemble une bière bien fraîche.

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Le soleil tape fort il est 13H00 et la température dépasse largement les 30°C au soleil. Jesper nous renseigne sur la navigation dans le coin (il possède une vedette de 10 mètres) et nous confirme qu’on est chanceux d’êtres arrivés jusqu’ici si facilement.
Les conditions de mer dans la région sont assez difficiles et les petits bateaux sont assez rares. Jesper nous dit aussi qu’à partir d’un vent d’ouest de force 4 sur l’échelle de Beaufort, plus aucun plaisancier ne sort. En raison de la très faible profondeur de la Mer du Nord à cet endroit (10 à 15 mètres seulement à 20 milles des côtes), le vent lève vite un gros clapot très cassant et surtout des déferlantes. Il prend aussi en exemple les chalutiers de 15 à 20 mètres de long qui ne sortent plus d’ici à partir de 7 beaufort alors qu’en France ils sont encore en mer. Il nous explique également que sur toute la côte ouest nous allons avoir du mal à trouver de l’essence, mais qu’en revanche, en mer Baltique, ça sera plus facile. Le temps passe vite,

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nous déjeunons rapidement et reprenons la mer en direction de Hvide Sand à une cinquantaine de milles, vers une côté encore plus sauvage. Il n’y a en effet aucun intérêt  à rester à Esbjerg, C’est une grande ville et les abords du port sont très moches et très industriels.
Avant de filer directement à Hvide Sand, nous faisons un petit crochet à l’ouest d’Esbjerg à une quinzaine de milles pour aller voir un parc d’éoliennes offshore. Nous y arrivons assez rapidement et nous retrouvons parmi une centaine d’éolienne d’une quarantaine de mètres de haut, IMPRESSIONNANT !
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Nous commençons à entrer dans ce champ pour le traverser intégralement, mais en quelques secondes un épais brouillard s’abat sur nous. photos-reportage_0137.jpg

La visibilité est réduite à moins de 20 mètres, nous ne voyons plus rien, même au beau milieu du parc d’éoliennes. Étant breton, je suis habitué au brouillard, mais je n’en ai jamais vu tomber aussi vite. Il va falloir être prudent et nous ne dépassons pas 10 nœuds.

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Autre phénomène bizarre, la mer se lève très nettement alors que la brume s’épaissit. Nous naviguons maintenant dans 1,5 mètres de creux. En règle général quand la brume tombe, le vent tombe également et la mer à plutôt tendance à se calmer ! Nous naviguerons sous ce temps pendant plus de 20 milles et la brume va se lever aussi vite qu’elle est tombée et la mer va aussi se calmer. Nous arrivons en fin d’après-midi sur Hvide Sand, je suis pressé de faire découvrir à Bertrand ce petit coin perdu avec une petite marina sympathique (enfin, c’est ce qu’il m’a semblé voir lors de ma préparation).
Nous arrivons en fait dans un immense port de pêche avec d’énormes chalutiers, ça sent le poisson pourri mélangé au gasoil et à la graisse, j’en ai presque la nausée. Après 20 minutes nous accostons le long d’un quai en béton qui semblait être le moins sale de tous.

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Je reste à bord et Bertrand part en chasse pour savoir ou se trouve cette fameuse petite Marina.
Pendant ce temps-là, quelques passants s’arrêtent pour regarder notre semi-rigide, ils ne sont pas habitués à voir ce type d’embarcation dans le coin. Vingt minutes plus tard Bertrand revient avec un air sérieux. La marina se trouve de l’autre côté de l’écluse, la saison n’a pas encore commencé et le responsable du port ne veut pas nous faire écluser. Il nous dit de rester là ou nous sommes, que c’est gratuit (encore heureux !) mais qu’il faudra décamper à 8h00 demain matin car les chalutiers vont rentrer pour décharger leur pêche. Nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur. Le vent a légèrement tourné et l’odeur semble se dissiper (ou bien notre nez s’est adapté). Nous montons notre bivouac sous le regard amusé de quelques badauds et nous nous autorisons un apéritif plus sérieux que d’habitude et nous entamons ensuite une reconnaissance des lieux. Hvide Sand se trouve sur un banc de sable et derrière l’écluse le paysage est magnifique, très sauvage.

photos-reportage_0180.jpg Une quiétude nous emplie, il fait bon il n’y a pas un chat, pas un bruit, le vent est tombé et le plan d’eau devant nous est lisse et reflète le ciel et le paysage tel un miroir. photos-reportage_0170.jpgCe sera l’occasion de faire quelques photos magnifiques. La nuit est tombée et nous restons longtemps à discuter face à un vieux gréement.photos-reportage_0172.jpg En fin de soirée, la brume se met doucement à tomber,photos-reportage_0182.jpg nous avons Fred au téléphone qui nous fait un point météo pour le lendemain : mer calme, pas de vent et soleil : génial.
Nous nous couchons et décidons de nous réveiller vers 6h00, le coup des chalutiers qui doivent arriver à 8h00, ça nous inquiète un peu tout de même. Et en effet 6H30 de grosses unités commence à débarquer de partout, il ne va pas falloir traîner, nous n’avons pas envie de servir de pare battage à ces bateaux de pêche de 20 mètres. À 7h00 nous décampons et à peine quelques secondes plus tard un énorme chalutier viendra prendre notre place.GX7U6847.jpg Bertrand en profite pour photographier l’arrivée au port de tous les chalutiers. GX7U6809.jpg

Certains laissent traîner leurs filets à la surface de l’eau, le spectacle est magnifique.
Pour notre douche, on verra ça ce soir. De toute façon, il n’y a rien sur ce port.

Nous mettons le cap vers Thyboron. Le temps est magnifique et la mer à peine ridée. Nous pouvons pour la première fois longer la cote de près. Le paysage est vraiment plat  et ce sont des kilomètres de sable blanc que nous logeons.

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Une falaise de quelques kilomètres vient rompre cette monotonie ainsi que quelques effluves de senteur de vache provenant de quelques fermes cachées sans doute derrière cette falaise. Avant l’entrée du Limfjord, nous faisons une petite pause, j’en profite pour mettre une ligne à l’eau

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(ce serait formidable de pouvoir manger du poisson frais ce soir) pendant que Bertrand ferme les yeux quelques minutes sur le bain de soleil.

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La pêche n’est pas concluante, je remballe et nous nous dirigeons vers notre prochaine étape pour faire le plein et selon les renseignements pris il devrait y avoir de l’essence dans le port de plaisance.
Arrivé à Thyboron nous entrons

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encore dans un port de pêche énorme où il doit y avoir plus d’une centaine de chalutiers dont une majorité de grande taille.

GX7U6875.jpgNous nous dirigeons vers la marina qui se trouve tout au fond. Le port de plaisance est minuscule, et les pompes à essences tant espérées ne sont pas là !!!! photos-reportage_0239.jpg

Heureusement sur le quai il y a quelques retraités assis sur un banc qui nous regarde avec des yeux ébahis (ils ne semblent pas non plus habitués à voir des semi-rigides dans le coin), on va pouvoir leur demander l’emplacement de la station.
Encore une fois c’est Bertrand qui s’y colle, et leur réponse est catégorique : pas d’essence dans le port et pas de station à moins de 3 km. Ouah ! il fait un soleil de plomb et il va falloir se faire au moins 2 allers et retours avec le diable, nous avons besoin de mettre 100 litres.
Un des anciens comprend rapidement notre embarras et propose spontanément à Bertrand de le déposer à la station où l’on peut se faire livrer du carburant, super ils sont vraiment très sympas les Danois. Je patiente une bonne demi-heure et un camion plateau vient de garer juste au dessus de moi. Machinalement je lève la tête et je vois Bertrand, mort de rire, au volant de ce camion plateau et moi je ne comprends pas trop ce qu’il fait seul au volant de ce véhicule !

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L’explication arrivera quelques secondes après. Arrivé à la station-service, le patron explique à Bertrand que, dans ses cuves, il ne livre que du gasoil et il lui demande si nous avons des nourrices, Bertrand lui répond que oui et c’est alors que le patron lui désigne son camion en lui disant « les clés sont dessus, t’as qu’à le prendre tu me le ramènes quand tu as fini » (tous cela en anglais bien sûr !). Bertrand le fait répéter 3 fois pensant qu’il se trompait dans sa traduction. Et non c’était bien cela, il faut dire qu’en France nous sommes peu habitués à ce genre de réaction. Le comble c’est que la personne qui avait déposé Bertrand à la station le guettait, et une fois les voyages terminés, il l’a ramené au port. Nous sommes subjugués par la gentillesse des gens que nous rencontrons, c’est vraiment impressionnant.

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Il est l’heure de déjeuner et le snack sur le port tombe à pic, cela va nous changer des plats tout préparés et des boîtes. Nous nous affalons à la terrasse et nous commandons une bière bien fraîche, le soleil tape fort il fait presque 40° au soleil, je n’imaginais même pas qu’il puisse y avoir des températures comme ça ici.

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Avec nos bières,   nous commandons un hamburger local. Ce n’est pas mauvais mais le steak à une drôle de consistance et semble être mélangé avec je ne sais pas trop quoi, sans importance, nous avons très faim.

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On ne tarde pas trop car nous voulons passer un maximum de temps dans le Limfjord. Nous reprenons donc notre route et slalomons dans le chenal entre les bancs de sable, encore une fois la cartographie ne correspond pas au balisage. Nous croiserons même un bâtiment des phares et balises (je ne suis pas sure que ce soit la même appellation ici) entrain de nettoyer et repositionner les différentes bouées.

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Le soleil tape très dur, c’est vraiment inespéré. Tout à coup j’aperçois quelques taches sur un banc de sable qui semblent bouger. Nous nous rapprochons doucement pour découvrir une colonie de phoques entrain de se faire dorer au soleil.

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Ils sont majestueux mais craintifs, nous nous rapprochons à très faible allure, mais rien n’y fait, ils quittent la plage précipitamment pour regagner l’eau. Nous distinguons ensuite quelques petites têtes émergeant ici et là et inquiètes de connaître nos intentions !

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Nous ne les dérangeons pas plus longtemps et poursuivons notre route. Nous sommes détendus, nous avons passé la côte ouest sans encombre et nous sommes maintenant en sécurité dans le  Limfjord. Et c’est un paysage MAGNIFIQUE que nous découvrons.

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Nous longeons les rives (ou la côte je ne sais pas bien quel est le bon terme) sous un soleil de plomb, le paysage alterne entre forêt, plage de sable blanc,

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petites maisons peintes d’un rouge tirant sur l’ocre et mer bleu limpide.
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Nous rencontrons pour la première fois des dizaines de bateaux : voiliers, petites barques, coques open… Mais pas un seul semi-rigide.

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Le Limfjord paraît plutôt petit sur la carte, mais en réalité c’est immense. Ce n’est qu’une succession de bras de mer étroits de quelques centaines de mètres et d’immenses étendues d’eau de plusieurs dizaines de kilomètres de large. Nous avalons les milles sans nous lasser du spectacle qui s’offre à nous. Nous sommes très contents d’être au beau milieu de ce paysage de rêve. Nous arrivons aux abords d’Aalborg, le paysage change pour devenir plus urbain et plus industriel, les bâtiments que nous pouvons apercevoir sont très design et tranches radicalement avec les petites maisons du Limfjord.

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Nous tournons un peu en rond avant de trouver notre marina. Nous sommes un peu inquiet, Aalborg et une grande ville et nous avons un peu peur de nous retrouver dans une marina énorme et sans âme.
Nos craintes vont rapidement se dissiper. C’est en fait un magnifique petit port qui s’offre à nous.

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Nous tournons dans le port et cherchons en vain des catways. Ici, tous les bateaux sont amarrés la proue perpendiculairement au quai et la poupe est amarrée entre 2 piquets.

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Le problème pour nous c’est que si nous nous amarrons de cette façon nous ne pourront plus descendre du Zodiac, la tente recouvrant l’intégralité de l’avant de notre embarcation ! Nous tournons encore un peu et décidons de jeter notre dévolu sur l’un des petits pontons d’attente de la cale de mise à l’eau,

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ce sera parfait et il reste plus qu’à trouver le capitaine de port pour lui demander l’autorisation. Impossible de trouver le capitaine du port, nous décidons donc malgré tout de rester sur ce ponton.
Pourtant, tous les bâtiments sont ouverts, la cuisine, les sanitaires, un énorme club avec un comptoir, des tables et des chaises. Hallucinant ! Finalement nous tombons sur un plaisancier qui nous explique que le capitaine de port n’est pas là aujourd’hui et qu’ici tout est toujours ouvert. Génial, nous resterons donc sur le ponton d’attente. Nous allons ensuite rapidement prendre une douche bien méritée, car ça n’a pas été possible à Hvide Sand. Qu’est ce qu’elle était bonne cette douche ! Ça nous redonne de l’énergie.
Nous installons notre campement pour la nuit et nous prenons notre apéro quotidien,

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ce qui nous permet de nous remémorer notre nav du jour et de préparer celle du lendemain.
À 20h00 comme tous les soirs, nous entrons en contact avec Fred qui nous confirme que les prévisions sont toujours très bonnes : La météo sera aussi clémente que les autres jours.
Au cours de la soirée, le port commence à s’animer, nous assistons aux passages de plusieurs très jolies filles dont certaines sont en robe de soirée !

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Oh oh nous allons devoir mener notre enquête. Nous quittons alors à pied la marina tout en longeant les abords de la rive et nous nous retrouvons en plein milieux d’une fête étudiante. Rapidement nous établissons le contact avec quelques jeunes qui commencent à être un peu alcoolisés.

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Ils viennent de finir leur année scolaire et ont l’intention de la fêter dignement.
En face de la grande salle où se déroule la fête, il y a de nombreux tout petits chalets avec un barbecue commun, génial pour venir passer une nuit ou deux.

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Nous continuons notre soirée bien entouré et sommes bombardés de questions. Finalement nous invitons 2 étudiants, Asger et Lukas très intéressés par notre périple, à venir partager un verre et à venir découvrir notre campement. Nous leurs proposons un bordeaux  qu’ils ne refusent pas. Je ne suis pas sur qu’ils l’aient vraiment apprécié après la bière et la vodka.
La soirée continue jusque tard dans la nuit et nous nous amusons bien. Il est tard et nous aussi nous commençons un peu à avoir mal aux cheveux, il doit être aux alentours de 1H30 du matin il est temps d’aller se coucher.

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Nous nous levons vers 7h30 et le capitaine port vient nous accueillir au saut du lit. Il arbore une magnifique casquette de marin, surement militaire, on a l’impression qu’il sort tout droit d’un sous-marin, un vrai personnage de film. Il encaisse les 14 € et nous échangeons rapidement sur notre périple et il nous conseille quelques coins très sympas en mer baltique, super.
Nous levons l’ancre et nous nous dirigeons vers la marina d’à côté qui dispose d’une pompe à essence sur le quai. Nous faisons le plein auprès d’un Shipchandlers et nous lui demandons si, dans le coin, les semi-rigides étaient répandus. Sa réponse est catégorique : non, pas de semi-rigide dans le coin surtout d’aussi gros (en France 6m50 est une taille dans la moyenne). Nous reprenons notre route en direction de la mer Baltique et il fait toujours aussi beau. Le paysage est moins joli car très industriel, p46--16-.jpgles rives sont occupées par de nombreuse et grandes usines.p46--13--copie-1.jpg Nous évoluons maintenant dans un petit clapot cassant assez désagréable. Heureusement, après quelques milles, le paysage redevient plus typique avec de petites maisons de couleur rouge et blanche et quelques unes très impréssionnantes.p46--17-.jpg

Nous faisons une petite pause dans le dernier petit port avant la sortie du Limfjord ou nous apercevons une petite coque dure magnifique, tout en bois avec les sièges passagers et pilote en osier, peu commun !

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Nous reprenons notre route et entrons dans la Baltique avec 2 mètres de creux. Ces creux sont très rapprochés et la mer est très hachée. Nous nous sanglons et adaptons notre vitesse et notre trim pour trouver le passage le plus confortable possible.
Comme d’habitude le comportement du Pro Open 650 est exemplaire, le passage est assez confortable, la carène ne nous réserve aucune surprise, nous anticipons ses réactions.
Nous allons nous faire secouer pendant environ 40 milles , puis la mer se calme aussi vite qu’elle s’est déchainée, impressionnant, car après quelques minutes nous naviguons sur un lac. Nous naviguons avec prudence car les hauts fonds sont assez nombreux, même au large. D’ailleurs nous arrêtons vers midi pour déjeuner sur l’un de ces hauts-fonds.

photos-reportage_0379.jpgNous sommes à 3 milles des côtes, dans une eau turquoise, et le sondeur indique moins de 2 mètres. Effectivement, nous apercevons très distinctement le sable qui recouvre le fond. Le soleil est à son zénith, nous avons plutôt l’impression d’être en Polynésie qu’au Danemark, quelle chance nous avons !photos-reportage_0390.jpg Nous en profitons pour déjeuner et Bertrand invente une recette : La pizza thon mayonnaise et la pizza thon catalane, je vous le conseille c’est excellent et ça cale bien. photos-reportage_0383.jpg
Nous continuons notre route et le paysage alterne forêt et plage de sable blanc.

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C’est d’ailleurs sur l’une de ces immenses plages que nous beachons le bateau, l’eau est clair et pas d’enrochement. photos-reportage_0406.jpg
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La plage est peu fréquentée, seul un couple caché dans les dunes observe notre arrivée. Un peu plus loin des anciens mettent à l’eau une barque à l’aide d’un tracteur, leur manœuvre est bien rodée, GX7U7226.jpg

cela nous rappelle nos côtes du nord de la France où les cales de mise à l’eau sont peu nombreuses.
Nous restons un long moment à prendre des photos et à savourer le soleil radieux, mais il est temps de continuer vers notre prochain bivouac, Ega.
Nous avalons les milles sous un soleil toujours aussi généreux et une mer très calme, les paysages qui s’enchaînent sont tous plus beaux les uns que les autres. Nous sommes vraiment dépaysés. Quelques heures après nous arrivons en vue de la baie d’Arhus

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où je propose à Bertrand de refaire une petite pause histoire de pêcher, ce serait magnifique d’avoir du poisson frais pour le diner de ce soir.
J’ai la flemme de sortir ma canne qui se trouve dans la soute en dessous des bagages. J’attache donc ma mitraillette directement à une bobine de fil et je l’actionne à la main. Bertrand, très dubitatif sur ma technique de pêche, me lance « pfff si t’attrapes quelques choses, je te paye une tournée ». Il n’a pas fini sa phrase que je ressens les petites secousses caractéristiques des poissons pris au piège.

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Effectivement je remonte une piètre prise : 1 lançon d’une bonne taille et un genre de rascasse, je les remets bien sûr à l’eau et à défaut de manger du poisson frais je me désaltérerais le gosier avec une bonne bière fraîche.
Il ne nous reste plus que quelques milles à faire pour arriver dans le port d’Ega.

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Nous localisons rapidement les pompes à essences et c’est pour nous un vrai soulagement. Nous faisons le plein derrière un sublime Tornado d’une taille comparable à notre bateau, c’est le premier vrai semi-rigide que nous rencontrons.

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Confrontés au même problème qu’à Aalborg, aucun Catways… Nous nous amarrons donc au bout du port dans un petit endroit très tranquille, le long d’un ponton d’attente de la cale de mise à l’eau.

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Comme à Aalborg personne à la capitainerie, juste une petite boîte aux lettres ou nous devons y glisser une petite enveloppe avec notre règlement de 8 € (génial la confiance). Nous monterons notre bivouac plus tard, pour l’instant, une magnifique terrasse ensoleillée et une bière bien fraîche nous tendent la main. Nous partons ensuite pour une petite reconnaissance des abords. Contrairement à la côte ouest, la côte est du Danemark est beaucoup plus touristique. Nous croissons des centaines de promeneurs arpentant les allées du port, il y a comme un air de vacances. Nous prenons la météo et nous voyons sur les différentes cartes affichées 3 grosses dépressions les unes derrières les autres se diriger vers le Danemark dont une qui devrait nous arrivée droit dessus dès demain. De retour au bateau nous installons notre campement.

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Nous sommes bien rodés maintenant et il nous faut moins de 10 minutes.
Le pont du bateau commence à être sacrement sale, demain matin il faudra obligatoirement le laver. Nous dînons sur le ponton, le couché de soleil en arrière-plan, on ne vendrait notre place pour rien au monde!

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Après une bonne douche, nous nous couchons tôt, nous sommes ce soir fatigué.
Nous nous réveillons de bonne heure aidé par un goéland ayant prit notre tente pour une piste d’atterrissage, ça surprend ! En 1 heure nous sommes prêts à repartir et la météo du matin n’est pas encourageante. Nous avons une dépression qui vient du nord et derrière cette dépression 2 autres fronts semblent en attente. On nous confirme que cela risque de souffler fort et pendant plusieurs jours d’affilé. Par contre les bulletins Windguru et Weather online continuent d’annoncer des conditions n’excédant pas plus de 4 Beaufort. Il faut dire que ces sites ne sont que des modèles météo et ne prennent pas en compte les phénomènes locaux. La décision est prise avec Bertrand de zapper le bivouac sur Assens, nous nous y arrêterons juste pour le ravitaillement en essence et nous filerons  directement à l’entrée du canal de Kiel. Après avoir nettoyé notre monture, nous partons tout de même avec un beau soleil

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et descendons à 25 nœuds environs vers le sud, les paysages sont toujours aussi magnifiques, nous laissons à bâbord l’île de Tuno puis Samso et Endelave pour arriver dans un bras de mer qui sépare la région de la Vejle et de la Fionie (grande île d’environ 100 km de long par 60 km de large). Le bras de mer est large de quelques centaines de mètres, on se croirait revenu dans le Limjford, à la différence prêt que les rives sont beaucoup urbanisées. Certaines petites propriétés ont les pieds dans l’eau et disposent d’un ponton privé où sont amarrés les bateaux

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(sur la photo un bateau du chantier norvégien Nimbus très réputé par ses qualités marine et son niveau de finition). Nous croisons à plusieurs reprises un semi-rigide, un Aga Marine Spirit 640 plus précisément, qui s’approche de nous pour nous faire un petit coucou, visiblement heureux de voir un de ses congénères naviguer. Équipé d’un Honda de 150 chevaux, il file à vive allure, nous double et semble vouloir se mesurer à nous. Nous ne résistons pas et poussons la manette des gaz pour atteindre 43 nœuds.

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L’Aga Marine n’arrive pas à suivre et nous le voyons s’éloigner peu à peu. Nous sommes agréablement surpris car le Pro Open est chargé comme une mule avec ses 220 litres d’essence, nos 2 poids plume et  tout le matériel embarqué. Le 175 OptiMax est vraiment une bête de course. Nous nous sommes habitués depuis le départ à entendre sont ronronnement mélodieux qui nous berce tout au long de la journée.
Le temps se couvre rapidement le plafond est bas, il n’y a pas de vent, mais la pluie menace et la température a bien chuté, heureusement l’équipement Musto que l’on nous a confié se révèle d’une incroyable efficacité, notamment la polaire Wind Stop qui coupe réellement du vent. Nous arrivons en début d’après-midi à Assens pour refaire le plein. Nous en profitons également pour faire un ravitaillement, il commence à nous manquer certaines denrées comme de l’eau quelques bières et du pain. Nous regrettons de ne pouvoir passer la journée ici. Nous repartons sous la pluie, ça c’est déjà moins drôle, mais toujours pas un soupçon de vent, la mer ressemble à un lac, c’est impressionnant. Nous avons encore plus de 50 milles à faire. À partir de ce moment, la navigation est devenue très monotone.

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La mer est plate comme un lac, il ne fait pas beau, on n’arrête pas de se prendre des averses à tel point que l’on est obligé de mettre les masques de ski et on ne voit pas grand-chose.
Bertrand dort paisiblement sur la banquette arrière, il a super coup de pompe. Les milles défilent rapidement sur ce plan d’eau très calme et c’est toujours aussi monotone, personne en mer, pas d’obstacle, le doux ronronnement du moteur me berce, j’ai à  mon tour un gros coup de fatigue, mais je n’ose pas réveiller Bertrand pour prendre sa place. Je tire, je tire en écarquillant les yeux jusqu’au moment où je me réveille en sursaut me cognant fortement  la tête dans le volant. Pas cool du tout c’est la première fois que cela m’arrive en navigation, heureusement nous sommes à plusieurs miles de la côte et il n’y a pas un chat aux alentours. Cela nous servira de leçon. Je passe la barre à Bertrand pour me reposer à mon tour. Nous apprécions les tenues Musto , la température a encore chuté des 30°C de la veille nous ne sommes plus qu’à 13°C, nous n’avons froid qu’aux mains.
Nous apercevons au loin sur notre tribord avant un NGV (navire à grande vitesse) nous le surveillons de près car nous avons une route de collision. Bertrand augmente la vitesse pour continuer notre route sans qu’il nous gêne.

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Mais plus les secondes passent plus le NGV se rapproche, poignée dans le coin on se dit ça va passer et puis rapidement il faut se rendre à l’évidence ça ne passera pas, Bertrand coupe les gaz brusquement pour éviter tous risque de collision. Il est passé à quelques centaines de mètres quand même et on avait encore de la marge ! Et puis comme Bertrand le dit si bien  » BATEAU EN FER : BATEAU PRIORITAIRE  » . Après cette petite montée d’adrénaline, nous reprenons notre route, mais nous avons hâte d’arriver.Nous croisons quelques jolis bateaux ici et là, qui viennent rompre la  monotonie des derniers milles.

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Nous avons décidé de passer la nuit juste avant le canal de Kiel dans un port qui ne paraissait pas trop mal sur les photos de notre guide : l’Olympiahafen à Schilksee. Ce port est immense, il nous fait penser à une vraie usine et c’est très impersonnel, nous sommes super déçus. Mais comme nous sommes crevés, nous prenons une place ici malgré tout et nous avons l’autorisation de nous amarrer à un ponton entre 2 autres bateaux. Pas d’essence ici non plus, mais dans le port juste à côté, on nous dit qu’il y a une station à quai. Nous allons y faire un tour pour faire le plein, mais il est trop tard, la station est fermée et n’ouvre pas avant 10 heures demain matin. Ça y est le vent s’est levé et ça commence à souffler fort. Cela s’annonce mal pour le lendemain, le canal de Kiel fait une cinquantaine de milles et il est limité à 8 nœuds, il ne faudra pas trainer. Nous regagnons notre place de port et montons notre bivouac en toute hâte, ça souffle vraiment de plus en plus fort. Pas mesure de précaution nous haubanons notre abri de fortune sur les taquets d’amarrage du ponton en béton, en espérant qu’il résiste aux rafales. Nous fonçons ensuite à la capitainerie pour voir la météo. Il y à un anémomètre électronique qui relève du Force 6 avec des rafales à 8. Quand aux prévisions météo elles annoncent pour le lendemain des 6 à 8 beauforts sur notre zone et sur Cuxhaven, de l’autre coté du canal. Au nord du Danemark les cartes indiquent du 9 Beaufort avec rafales à 11 Beaufort. Nous avons eu raisons d’accélérer et de zapper l’étape d’Assens. Par contre ce qui est moins drôle c’est que les prévisions à 3 jours n’annonce pas d’améliorations. Un peu plus tôt dans la journée nous avons eu des nouvelles de Bruno et Fred, deux amis, parti de Ouistreham et en route pour les cotes norvégiennes avec leur Targa 27, ils nous annonçaient qu’ils avaient été bloqués sur l’ile d’Helgoland à cause de la météo et que finalement ils laissaient tomber la côte ouest du Danemark et qu’ils allaient tenter le passage par la Baltique. Chouette demain on va pouvoir se croiser dans le canal de Kiel. En attendant nous passons une partie de la soirée entre les douches et un bar restaurant. Schilksee est une grosse ville qui n’a rien de très accueillant.
Le lendemain matin nous nous réveillons vers 8 heures et le vent souffle toujours autant. Nous replions notre bivouac et c’est un peu plus compliqué car le vent s’engouffre sous la tendoline et il faut retenir le tout fermement. Nous nous dirigeons vers la station essence à quai, nous sommes en avance, nous voulons être les premiers pour ne pas perdre de temps. Le jeune homme de la station arrive enfin avec un peu de retard et nous annonce que pour l’essence, il est à sec. Très, très  mauvaise nouvelle, Trouver du carburant va nous prendre donc beaucoup de temps, et il est fort possible que nous n’ayons plus le temps de traverser entièrement le canal aujourd’hui. Nous partons en quête de carburant et traversons l’embouchure de Kiel pour nous rendre dans la Marina de Laboe juste en face, nous apercevons à bâbord la mer Baltique qui est démontée, ça moutonne sérieusement. Nous arrivons dans une somptueuse marina, vraisemblablement orientée vers des yachts au vue de la taille des places. Cette Marina est équipée de catways et est à taille humaine, c’est là que nous aurions dû passer la nuit ! Il recommence à pleuvoir, du coup nous nous précipitons dans le bureau de la capitainerie pour nous abriter. Nous demandons l’autorisation de pouvoir laisser le bateau quelques heures dans ce port, cela nous permettra d’attendre au chaud Bruno et Fred et surtout de faire le point sur la suite du raid. Les cartes météo affichées donnent une prévision sur 3 à 5 jours, et cela ne nous laisse plus d’espoir, ça va souffler fort encore pendant quelques jours. Intriguée par notre conversation et par notre semi-rigide, l’adjointe au maître de port, qui parle très bien français, nous pose l’éternelle question  «mais vous venez d’où avec ça ? ». Nous lui expliquons notre raid et s’en suit une longue conversation ou nous sommes bombardés de questions. Elle nous invite à boire un café que nous ne refusons pas. Pendant les échanges, elle nous confirme que le vent va souffler encore fort pendant quelques jours et que c’était souvent le cas ici, elle prend l’exemple de l’été dernier où les trois quarts du temps c’était du 5 beaufort. Nous prenons la décision avec Bertrand d’arrêter notre raid ici. Traverser le canal sous la pluie et le vent ne nous excite pas trop, et nous ne sous-estimons pas le risque de rester bloqués de l’autre côté du canal. Nous demandons à cette charmante femme, Inge, où nous pourrions louer une voiture pour aller chercher notre 4×4 et la remorque à Dornumersiel. Nous avons à faire encore une fois à une personne d’une extraordinaire gentillesse. Elle va s’occuper de tout pour nous, elle nous réserve une voiture et demande même que cette voiture nous soit livrée directement sur le port. Elle s’est aussi débrouillée pour nous trouver une place de port où nous pourrons être côté du bateau de Fred et Bruno. Purement Génial ! Il ne pleut plus pour le moment, alors nous sortons dehors pour tenter d’apercevoir le Targa de nos amis à la sortie du canal, nous avons hâte de les voir et c’est en début d’après-midi que nous accueillons enfin Bruno et Fred. Le vent s’est encore renforcé, et leur accostage est un peu rock and roll à cause des fortes rafales.

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Nous sommes tous émus, se rencontrer en mer Baltique ce n’est pas donné à tout le monde. Ils arrivent à point nommé, nous allons pouvoir nous abriter dans le Targa.

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Après l’émotion des retrouvailles, nous déplions les cartes pour conseiller Bruno dans la suite de leur périple. Mais les prévisions sont de plus en plus pessimistes, le baromètre n’arrête pas de dégringoler et les BMS se succèdent. Pour tuer le temps, nous allons nous balader dans les petites rues sympathiques et calmes du centre ville de Laboe. Cette promenade se termine dans un bar situé sur la plage autour d’une bonne bière bien fraîche dans une ambiance chaleureuse.

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La journée se termine et nous retournons sur le Targa, au passage nous récupérons les clés de la voiture de location qui vient d’arriver. Ensuite ça sera apéritif et dîner entre potes, le top. Pour Bertrand et moi ce sera un festin, depuis une semaine nous ne  mangeons que des plats préparer, les pâtes de Bruno vont changer notre quotidien ! Et en plus  il nous sort un petit bordeaux dont mes papilles se souviennent encore. Le Targa offre quatre couchettes spacieuses, nous sommes donc invité à dormir à bord. La nuit a été  … différente de ce que nous avions pu connaître jusqu’ici, en effet c’était la première fois que je dormais a côté d’une tondeuse à gazon fonctionnant à plein régime…La fatigue aidant je m’endors quand même, sacré Bruno. Le lendemain matin après un copieux petit-déjeuner nous filons rapidement, nous avons 700 Km allez et retour à faire dans la journée pour récupérer le 4×4 et la remorque. Bruno et Fred seront bloqués au port, la mer Baltique est déchaînée. À peine sortie de Laboe nous ne retrouvons dans la ville de Kiel et bien sûr nous nous perdons et tournons en rond un bon moment, ça commence bien ! Finalement on arrive un peu par hasard à retomber sur la bonne autoroute où une surprise nous attend. À l’approche d’un échangeur ou d’une agglomération, la vitesse varie de 80 à 110 Km, après c’est libre, aucune limitation. Nous voyons rouler des Porsche, Audi, Mercedes et BMW à 200 ou 250, avec notre Ford de location nous ne dépassons pas les 180 km/h.

De retour dans notre Marina de départ le Maître de port n’est pas surprit de nous voir arriver en voiture. Il ne parle qu’allemand, nous ne pouvons échanger beaucoup et nous repartons rapidement en le remerciant vivement pour son accueil. Le retour vers Laboé est idem à l’allée nous nous sommes royalement perdu dans cette grande ville, heureusement une charmante auto stoppeuse nous servira de guide et nous ramènera à bon port.Dernière nuit en Allemagne en compagnie de bruno et Fred.

Le lendemain matin nous rejoignons la cale qui se trouve en centre ville

dsc_1408-1-.jpget la sortie de l’eau se fait assez rapidement. photos-reportage_0542.jpg2Heures plus tard nous sommes en ordre de marche. photos-reportage_0545.jpgNous nous quittons après de longues accolades et nous entamons notre  longue route vers la route vers la Région Parisienne. Quand à Bruno et Fred, leur périple c’est malheureusement arrêté à Laböé, ils mettront une semaine à rejoindre Ouistréham.

Carte du Parcours


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Un grand Merci à toutes les personnes qui ont permis de réaliser ce raid :

David CUVILLIER ( Nord Nautic Loisir – Préparation du Bateau et Moteur )
Xavier CARON  ( ZODIAC FRANCE )
Philippe PELASSY ( Directeur Général de la Sociéte BUROMEDIA )
Renaud GOHIN ( Sté HpA fourniture de nos sacs étanches)
Christophe PLATERIER ( Sté Giroflex )
Serge LOBONO et Michel FERNANDEZ ( de L’AGENCE LF )
Christian DEBUYSER et Mario ALLAMPI ( Sté WIESNER HAGGER )
L’équipe Moteur Boat
Brunswick Marine ( Fourniture de l’huile moteur )
Musto ( Fourniture des équipements de protection individuels)
Navionic ( Fourniture de notre cartographie électronique )
Pneuboat.com ( Jean Marc Shalk )
Le forum Hiss et Ho
Benjamin RUELLE ( Web design du blog )