Raid Golf du Morbihan en fond souple – 2011

 

Un retour aux sources, voilà ce qui pourrait résumer cette balade de quelques jours dans le golfe du Morbihan. Nous sommes en effet partis avec une simple tente, un pneumatique à fond souple de 4,10 mètres, un moteur de 25 chevaux en barre franche et une carte Shom pour unique instrument de navigation. Cette promenade à l’ancienne nous a enchantés et nous a permis de redécouvrir le golfe.

Beaucoup de plaisanciers, en particulier les adeptes du semi-rigide, ont fait leurs premiers pas avec un pneumatique à fond souple. Il y a une quinzaine d’années, ce type de bateau avait le vent en poupe. Mais, aujourd’hui, le fond souple est plutôt délaissé au profit de petits semi-rigides et surtout les entrées de gamme et les premiers prix. Pourtant, en choisissant un programme et un plan d’eau adaptés et appropriés, ce style d’unité possède de nombreuses qualités. Avec cette navigation, nous avons voulu prouver qu’il était possible de profiter des joies du nautisme autant que des nombreuses qualités d’un fond souple.

Nous avons ainsi choisi de naviguer durant quelques jours dans le golfe du Morbihan, un plan d’eau relativement bien protégé. L’idée était de sortir des sentiers battus pour découvrir ce site magnifique, en allant là où un semi-rigide ou une coque open ne peuvent pas, ou très difficilement, se rendre.

 


 

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Après quelques coups de téléphone pour concrétiser notre projet, nous embarquons dans le coffre de notre voiture, au départ de Paris, un Zodiac Futura Mark II de 4,10 mètres de long à plancher en aluminium, ainsi qu’un moteur Suzuki à démarrage manuel et en barre franche de 25 chevaux, pour une petite semaine d’aventure.

Après cinq cents kilomètres de route, nous arrivons en début d’après-midi au port du Crouesty et nous entamons immédiatement le montage de ce qui sera notre navire de croisière pour quelques jours.


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Notre premier constat est que bateau et moteur sont assez lourds et peu faciles à manipuler.


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Mais notre enthousiasme aura vite raison des 100 kg du premier et des 75 kg du second. Le montage complet aura duré environ deux heures. Pour nous, c’était une première, mais les habitués iront certainement plus vite.


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Dans la foulée, nous chargeons à bord tout le nécessaire, c’est-à-dire le strict minimum. Les duvets, la tente et les effets personnels sont placés dans des sacs étanches installés à l’avant du bateau. Nous n’oublions pas, bien sûr, la petite glacière et l’armement de sécurité. Nous fixons aussi un petit compas sur le tableau arrière, mais notre seul instrument de navigation sera la carte Shom du golfe.


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Petit contre temps ! Le Moteur ne demarre pas ! Transporté du mauvais côté les cylindres sont remplis d’huile. Bon démontage des bougies vidage remontage et s’est parti !


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Tels deux aventuriers à la conquête de nouvelles terres, nous quittons enfin le Crouesty en fin d’après-midi sous un soleil resplendissant, sans même savoir où nous allons dormir le soir. Lorsque nous entrons dans le golfe, nous identifions chaque île, chaque amer afin de nous repérer avec précision à l’aide la carte. Il est en effet important de savoir en permanence notre position – pour déjà ne pas nous perdre, mais surtout pour éviter qu’un parc à huîtres ne vienne caresser notre quille gonflable ou qu’un écueil embrasse notre embase, ce qui stopperait immédiatement notre aventure à peine commencée. Nous bifurquons sur bâbord en direction de la rivière d’Auray et laissons différentes petites îles sur tribord, Petit Vézid, Grand Vézid, île Renaud. Quand nous dépassons Sept-Îles, nous repérons une immense plage dans l’anse de Baden. Cette langue de sable clair semble idéale pour notre première escale. Son accès ne paraît cependant pas si facile, et nous parcourons les derniers cinquante mètres le moteur relevé et les yeux rivés sur un fond d’à peine trente centimètres. Voilà un des principaux avantages d’un fond souple. Avec un semi-rigide, nous serions déjà plantés dans la vase ou dans le sable, en train d’essayer de trouver une solution. Le nez du Futura finit par se poser délicatement sur la plage, et nous commençons à débarquer toutes nos affaires.


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Notre bonheur est difficilement descriptible. Nous avons la sensation d’être seuls au monde, il n’y a pas âme qui vive, aucune route, aucun bruit, et la mer est parfaitement lisse, comme figée. Il est presque 22 heures quand nous montons notre tente à la limite de l’estran, et nous allumons notre premier feu de camp.


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La nuit tombe rapidement, comme les températures. Le feu nous réchauffe agréablement, et nous songeons enfin à préparer notre premier repas, qui se résume à une ou deux boîtes de conserve que nous plaçons sur les braises.


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Le bonheur tient finalement à peu de chose. Après avoir pris soin d’éteindre notre petit feu, nous regagnons nos duvets pour notre première nuit.


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Le lendemain matin, nous quittons ce délicieux bivouac pour remonter la rivière du Bono jusqu’à hauteur de Plougoumelen. Nous rejoignons ensuite la rivière d’Auray jusqu’à Saint-Goustan.


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Nous décidons de faire une petite pause et d’aller nous dégourdir les jambes. Il est assez rare de voir cette charmante petite ville aussi calme.


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En pleine saison, les rues sont noires de monde, mais aujourd’hui nous ne croisons que quelques touristes. Nos dînettes du soir n’étant pas des plus équilibrées, nous nous installons à la terrasse d’un petit restaurant pour prendre un vrai repas


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Nous continuons ensuite de remonter la rivière en passant sous les étroites arches du pont de Saint-Goustan, itinéraire que nous ne pensions pas possible.


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Nous sommes arrivés au bout demi tour


 

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Durant l’après-midi, nous redescendons la rivière d’Auray et regagnons l’entrée du golfe. Nous avons en effet programmé une partie de pêche, qui se soldera par la prise d’un bar de 39 cm dans les puissants courants qui avoisinent 4 nœuds aujourd’hui.


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Nous savons maintenant ce que nous allons manger le soir…


En fin d’après-midi, il est temps pour nous de trouver notre second bivouac pour ne pas se faire surprendre par la nuit. En contournant l’île de la Jument, nous tombons sur une belle petite plage. Après inspection, nous décidons de rester là pour la nuit.

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 Le bar a été découpé en filets, les restes profiterons à notre ami le Goëland


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Cette île est privée, mais le domaine maritime reste accessible au public. Le campement est rapidement installé, et le bar est déjà en train de cuire. Quel plaisir de déguster un poisson aussi frais et dans de telles conditions !


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Cette seconde nuit se montre un peu plus agitée que la première. De nombreux oiseaux nous réveillent en effet au lever du jour, et quelques plaisanciers et pêcheurs commencent à poser leurs casiers.


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Au matin, nous attendons sagement que la mer remonte et que notre bateau retrouve son élément naturel.


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Nous quittons l’île de la Jument peu après et faisons route au nord-est. Nous laissons sur tribord l’île Creïzig, dont la partie nord-est est très mal pavée, et nous passons devant le port de l’île aux Moines non sans attirer l’attention des nombreux touristes.


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Nous nous y arrêtons pour faire quelques courses, déguster un verre en terrasse sous le soleil breton et surtout pour s’accorder une douche. Zodiac n’a en effet pas pensé à équiper ses Futura d’un cabinet de toilette…


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Revigorés, nous voguons ensuite tranquillement, sous un soleil de plomb, entre la pointe d’Arradon et la pointe du Trec’h. La côte d’Arradon est bordée de maisons magnifiques, imposantes et parfaitement entretenues. Nous décidons de ne pas remonter jusque Vannes. Cette ville est certes pleine de charme, mais notre état d’esprit actuel n’est pas compatible avec les effervescences d’une ville. Nous cherchons le calme, la solitude et des petits recoins isolés. Nous faisons demi-tour devant l’île Boëdig, qu’un célèbre avocat vient d’acquérir et qui met tout en œuvre pour restaurer parfaitement et avec goût les quelques maisons qui s’y trouvent.


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Après avoir avalé une belle pièce de viande sur le port de l’île aux Moines, nous en faisons paisiblement le tour, puis nous flânons autour de l’île d’Arz en quête de notre prochain bivouac. La mer étant basse, nous ne pouvons pas traverser les nombreux parcs à huîtres, et nous décidons alors de retourner à l’île de la Jument.


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Un bateau avec des roues escamotables croisé au mouillage, plus besoins de remorque pour les sorties de l’eau


Le lendemain, nous avons rendez-vous avec Éric Forgue, importateur Northstar, qui connaît le golfe comme sa poche et qui nous promet de nous faire découvrir des sites magnifiques.

À 9 heures, Éric nous attend déjà devant notre campement avec son étonnant bateau en aluminium à fond plat, appelé Duchentil , qui ressemble à une barge ostréicole.


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De nombreux parc à huitre balisés avec quelques branchages


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Nous partons plein est et, à la pointe de Bréhuidic, nous entrons dans la baie du Lindin. Avec leur tirant d’eau infime, nos deux petits bateaux sont parfaits pour se faufiler dans cette baie dont il ne reste, à cette heure-ci, qu’un étroit chenal d’une trentaine de centimètres de profondeur.


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Même si nous remuons la vase par endroits, nous arrivons jusqu’au petit moulin situé tout au fond. Jamais nous n’aurions osé nous lancer seuls dans cet endroit merveilleux.


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Notre guide du jour nous emmène ensuite sur une île peu connue, mais qui vaut le détour : l’île Ilur. Rachetée il y a quelques années par le Conservatoire du littoral, elle est donc accessible au public. Nous découvrons une fois de plus un site extraordinaire, de toute beauté


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Cette île est depuis 2008 la propriété du Conservatoire du littoral. D’une superficie de 37 hectares, elle est recouverte aux deux tiers de prairie et elle offre une grande variété de faune et de flore. Mais c’est surtout son littoral qui comprend la plus grande diversité, avec des dunes, des marais, des vasières, des plages et même des petites falaises.


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Une partie de l’île est boisée et, au centre, se trouve un hameau composé d’une dizaine de maisons et d’une chapelle. Jusqu’en 1950, Ilur était habitée par quelques familles qui vivaient de la culture du blé, de la pomme de terre et de l’élevage de moutons.


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Depuis 2009, un gardien vit sur cette île pour en assurer l’entretien et la surveillance, et guider les visiteurs pour une meilleure préservation de l’environnement.


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Nous sommes tombés sous le charme de ce petit bout de terre qui garantit un dépaysement total. Les maisons sont peu à peu rénovées et parfaitement entretenues.


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Le village comporte sept fours à pain, dont la plupart sont en parfait état de fonctionnement, et chaque année un pardon est célébré dans la petite chapelle Notre-Dame (1881).


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À l’heure actuelle, personne ne sait encore précisément à quoi va se destiner cette île, mais il est probable qu’elle sera utilisée à des fins pédagogiques et aura pour vocation de devenir un véritable laboratoire de l’aménagement et du développement durable.


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Ce n’est pas la première fois que nous parcourons le golfe du Morbihan, mais jamais de cette façon qui nous a permis de le redécouvrir avec un angle et un regard différents.


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Nous avons aussi appris à mieux le connaître grâce à la carte Shom que nous avions presque toujours en main.

 

Partenariat et remerciement

 

En partenariat avec

       ZODIAC-MARINE-Nouveau-logo1      LOGO-MB

 Logo-Suzuki

 

Remerciement à

– David CUVILLIER pour la préparation du bateau et du Moteur

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  • Eric FORGUES importateur Northstar pour la la visite guidée des endroits cachés du Golf du Morbihan


 

Crédit Photos : Pierrick CONTIN / Bertrand BEAUJEAN

Texte : Bertrand BEAUJEAN / Laurent LAGRUE